EBER Gérard
Canada
En français
Terrorasmeset
Debout sur le début d'un bout du monde,
Le corps carcéré de vivant dans la valse libre du vent,
Tranchant la cohorte des lames d'un coup de digue,
L'enfant jouait la mer entendue sur la fin du havre.
Et
Devant c'était la mer vaincue à coups de glaives
Chérie de spasmes pneumatiques impossibles
Un mur dense liant aveugle et géant
Et tant obtus qu'un bébé précis choisit d'en rire
Et
Cette folie meurtrière comme un jeu méchant
Glissait vers l'arrière mutant un obscur délice
Lavé des peurs absoutes et des élans abjects
Dans la prémice des pensers tentants du viol
Et
Il incendiait ses surs et leurs chatons inégals
À coups de cimeterres courbés de sangs infidèles
Dans les bourrasques feules des baisers annoncés
Et les amances absurdes sous leurs intrépides désirs
Et
Il tortuait son sabre de vertueuses giclées
Sur le sol d'une mer agitée de tréfonds présents
Quant l'univers entier en face l'arme tordue
Et le ballet s'escrime à la charnière du bouge
Et
Obtuire ce feu à quatorze ans de rêves régals
Tant la voile de l'autre s'épaissit d'impossible
Quand résolut le dieu face à l'immencécité
J'ai résolu mon dieu n'est rien que l'immense
Et
Dans le tremblement de la digue incertaine
Le vent d'un lien parfait chante Solitude
Annonce le vieil dans l'adage du rythme voulu
Et fronce un ciel égaré à la pointe larme Tranche !
Dans le Même l'humain s'absente
Torturant.
© Gérard Eber Extrait du recueil " Avertissement ", Montréal
2002.
EBER Gérard
Canada
En français
Palestine
Quand le sang flocule sa coulure
Entre la veine et la peau de la haine
Sous chaque geste, il y a un bout du monde
Qui s'effraye de son lointain pour quelqu'un
L'amour est une guerre sans merci
Qu'on livre contre soi-même
Aucun texte n'efface la distance, aucune parole,
Aucun baiser et non plus aucun destin
Le sens sous la blessure.
© Gérard Eber. Extrait du recueil " La bouche sans langue
", Montréal 2001.
EGAN Desmond
Irlande
En anglais et traduit en français
Under the mild sky
Where God's clouds prowl
Displaced autumn still fills the beeches
Lines my rod in pools of brown
Each single drift leaf unique
As an Afghani face.
November 2001
Sous le ciel doux
Où les nuages de dieu rôdent
L'automne déplacé garnit encore les hêtres
S'empile sur ma canne un amas de brun
Unique est chaque feuille-égarée
Comme un visage afghan
Novembre 2001
Traduit en français par Guissou Jahangiri
EGGER Brigitte
France
En français
Directrice de l'Association des Amis de Pierre Béarn
Le calvaire des Femmes afghanes
Elles ont l'air de morts-vivantes
De pestiférées ambulantes
D'honteux fantômes en punition
Qu'elles soient jeunes ou déjà vieilles
Dans le pays de l'Hindou-Kouch
En burka mauve, vert ou gris
La souffrance les rend pareilles
Dans le même martyr unies
Cachées sous le voile intégral
Derrière son grillage infamant
Leur quotidien devient prison
Et leur condition si cruelle
Que leur destin est une poubelle
Où la folie prend sa raison
Elles sont humiliées sans répit
Par ceux qui se croient impunis
Dans leur tyrannie doctrinaire,
Or ils trahissent une religion
De tolérance et compassion
Sans cesse aux mains de l'infamie,
Avilies, battues, lapidées,
Quelquefois baignant dans leur sang,
Elles courbent la tête en silence,
Condamnées à ne plus pouvoir
Profiter des baisers du vent
Ô Femmes oubliées par Allah !
Où donc est leur fierté d'antan ?
Leur rang normal parmi les hommes ?
Elles étaient les ambassadrices
D'une vaste culture millénaire
Trait d'union des grandes conquêtes
Quand donc viendra leur rédemption ?
Libérées elles pourraient aider
A recréer une vie meilleure
Dans la douceur de leur foyer
Où les hommes prendraient conscience
Que les femmes portent l'espérance
D'un avenir vraiment humain.
Octobre 2001
EGGER Gabrielle
France
En français
Enfance enfuie.
Couleur de brume, de désespoir
Tout fuit, se fond dans le brouillard
Du clair de lune, matin d'un soir
Cur de plomb, lourd, deuil dérisoire
Sur poudrière chauffée à blanc
Se promenait un cur d'enfant,
Adulte bien trop vite survenu
Les churs à jamais se sont tus
Lent, le temps s'écoule monotone
Qu'engourdit l'âme que deuil festonne
La PAIX ? Déversoir illusoire !
Au devenir de l'enfance
De guerre lasse et de souffrances
Bleu du soir, rêve provisoire.
EGGER Gabrielle
France
En français
France, pays de liberté.
Tu es chagrin
Terre de liberté,
Lorsque contre toi, lève l'assassin
Le glaive et l'épée;
Tu es violence
Terre de combat,
Sous la voûte immense
Tu erres déjà.
Tu es fougueuse
Terre insoumise,
Sous l'ardeur acquise
Tu te bats, impétueuse;
Tu es farouche
Terre d'espérance,
Sous la glèbe de tes souches,
Tu gagnes en puissance.
Tu es intense
Terre d'amour,
Sous ta bravoure
Rôde la tolérance.
Tu es liberté,
Terre aimée !
EGGER Gabrielle
France
En français
Où es-tu " Liberté " ?
Tu nous enlaidis, graffiti,
Éjections immondes,
Sur nos murs abondent
De faux héros inscrits.
Fausse guerre des ombres
Pour l'amitié, la liberté
Mais que tout s'effondre,
Innocents, Payés!...
Graffiti,... graffiti tu pus...
Lorsque tu mets à nu
Les vérités travesties
Des autorités investies?
Oh! graffiti,
Tu nous jettes à la face
Nos affreuses grimaces
Sur lesquelles on s'appuie
Guerres insensées,
Terreurs damnées,
D'innocents arrosés
Au nom de "Liberté "!...
Que tu sois jaune,
Blanc, noir ou basané,
Que tu adores Dieu ou l'Icône
Frères de partout, SAUTES!...
Quelques ingrats débiles,
Nous mettent tous en péril
Et pour ces tors causés,
Vous êtes tous rejetés.
Oh! graffitis, graffitis,
Où est la Paix, la Liberté
Que vous aimez tant proclamer
Sur nos murs enlaidis ?
EHRHARDT Suzanne
France
En français
(les cahiers du Rhin)
Tolérance
Mot profond invitant
A se remettre en question
Admettre la différence
De langages et d'opinions
Tolérance
Voir d'un il nouveau
La couleur de peau
Les murs de l'étranger
Qui cherche notre amitié
Tolérance
Etre avant toute chose
Humain pour chacun
Qui sur notre terre
Nous tend la main
Tolérance
Mouvance de l'esprit
Qui admet l'autre
Tel qu'il est, différent
Hors du commun
Tolérance
Remplit nous d'humilité
Donne nous le sens
De la fraternité
De l'indulgence, de la charité.
EL GHARBI Jalel
Tunisie
En français
Ce que je ressens pour votre pays est si fort qu'il m'a été impossible
d'aller au-delà de ce vers :
"Je saigne à JalelAbad aussi"
22 Décembre 2001
ELZINGRE Micheline
France
En français
Le paysan
C'était un doux paysan
Qui labourait son champ
Il n'aimait que sa terre
Ses enfants et sa mère
Un jour on vient le chercher
Pour aller guerroyer
Hélas ! dans les batailles
Il devient canaille
C'est lui qui le premier
Eventre les blessés
Etrangle les enfants
De l'ennemi défaillant
Avant que de brûler
Ce qui fur leur foyer
Alors on le décore
Il rentre à la maison
Le cur plein de poison
Il se fout de la terre
Et préfère boire des verres
Il tape sur les enfants
Chasse sa vieille maman
Puis un soir de folie
Sa ferme il incendie
C'était un doux paysan
Qui labourait son champ.
EMORINE Denis
France
En français
Nouvelliste, poète et dramaturge
Aux populations de l'Afghanistan
Je m'introduirai dans la ville assiégée. Il le faut: on ne peut
se soustraire plus longtemps à la hideur du monde. Je secouerai ses remparts
dentelés de feu, je courrai le long des avenues désorientées,
je déchiffrerai la partition des visages et des voix.
Ils seront tous au rendez-vous fixé par l'Histoire, tous assignés
à résidence pour l'éternité.
Je remplirai mes yeux de la buée de chaque instant. Les mots n'ayant
plus cours en ces lieux, j'essaierai de rebrousser chemin. Là, devant
mes mains écorchées, se dressera l'enfance du monde.
Janvier 2002
EYMERY Charlotte pseudo (SPIZZICHINO Pierrette)
France
En français
Professeur de philosophie retraitée
Lacs verts aux riches profondeurs
Témoins désolés
De combats répétés
Apaisez vos flots contrariés !
Une calme assemblée
Aux laines chaleureuses
Moutonne à vos pieds.
Humectez leurs haleines asséchées !
Des yeux noirs apeurés
Cherchant à capter
Vos sources encore cachées.
Libérez leurs désirs étouffés !
Les guerriers vont se propager
Les chairs orangées
De leurs abricotiers.
Des noyaux empilés
Qu'il leur faudra casser
Ils devront retirer
Les amandes oubliées.
Aidez-les !
Janvier 2002