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MALBERT PAYA Eliane
France
En français

LA PAIX ?

La paix est un mirage où notre ardent désir
Vient parfois se répandre en vagues déferlantes.
Son chemin est si long et ses raisons si lentes
Que les hommes souvent ne peuvent s'en saisir.

Comme un écho lointain, pourtant, ce mot magique
Fait résonner notre âme et nous griffe le cœur ;
Il grise nos esprits ainsi qu'une liqueur
Et pour lui l'on se bat... sans souci de logique !

La PAIX... c'est l'idéal vers le quel chacun tend
Et des martyrs pour Elle ont côtoyé l'immonde...
Mais dans tous les Pays, dans chaque coin du Monde,
On l'appelle, on l'espère, on la prie, on l'attend !

Comment ne pas rêver d'Entente Universelle ?
D'harmonie et respect dans la sérénité ?
De tolérance enfin, dont la pérennité
Ne serait qu'un leurre au bout de la ficelle ?

La PAIX de ces héros célèbres ou sans nom :
Celle des gueux, des rois, des fous visionnaires
Qui tourneront le dos aux armes mercenaires
Pour qu'un jour la colombe efface le canon...


MALBURNY Paul
Belgique
En français

Tu te souviens, en Afghanistan ?…

A Paul L.

Te souviens-tu de ceux que nous avons connus
Au hasard de chemins peu fréquentés naguère ?
Ce temps est loin déjà… Maintenant dans la guerre,
Nos hôtes accueillants que sont-ils devenus ?

Aurait-il à présent gardé même visage
Ce peuple honnête et fier, niant sa pauvreté,
Le turban toujours frais au plus chaud de l'été,
Noble dans le maintien quel que soit le lignage ?

Reverrions-nous Herat en bonnets d'astrakan ?
Et ces fluides profils drapés de fine toile,
Ces yeux noirs qui luisaient au grillage de voile,
Témoins, prétendais-tu, d'un souterrain volcan !…

Qu'a vécu depuis lors un affable jeune homme
Qui, du sang du Prophète ayant tenu cet art,
Etait " juge-apprenti " non loin de Kandahar
Et pour nous de son temps ne fut pas économe ?

Et le roi, qu'on voyait, botaniste savant,
Dans la steppe choisir des espèces sauvages ?
Put-il ainsi créer de meilleurs pâturages ?
Laissai-t-il ses pasteurs plus prospères qu'avant ?

Danse en mon souvenir la fillette, mésange
Annonçant l'oasis dans un désert brûlé.
A-t-on laissé grandir son petit corps hâlé
Ou faut-il supporter qu'on ait fait d'elle un ange ?

Le Ciel protégea-t-il les splendeurs du canyon
Dont le Colorado eût jalonné les teintes ?
Azur, roses, safran, se sont-elles éteintes
Sous le deuil qui suivait le char lourd et l'avion ?

****************

Voudrais-tu de nouveau revivre un moyen-âge.
Quand l'Histoire s'essouffle à bousculer les ans ?
Quel endroit de la Terre en donnerait l'image,
Si plus rien n'est pareil au pays des Afghans ?

13 Février 2002

Extrait de " D'Amour et d'Ironie ", publié par la Société des Poètes Français


MANZIN Eleonora
Italie
En Italien et traduit en français

I Barbari

I barbari
attentano alla vita.
La minaccia nucleare
incombe sull'umamità.
Donna, non piangere,
vestiti a lutto,
combatti
i falsi ideologismi,
rendi sterile il tuo ventre
occulta le culle,
e vivi la tua maternità nel sogno.
Donna, distogli gli occhi
dai guerrafondai dalla faccia inebetita,
annulla le loro certezze
di farneticanti vittorie
realizzate sul sacrificio dei tuoi figli.
Madre,
racconta alle nuove generazioni
l'orrore della fame e della guerra…
Accendi la fiaccola della pace
affinchè rischiari nella notte
sterminati campi di grano
ed azzurri fiordalisi.

11 novembre 2001


Les barbares

Les barbares
attentent à la vie.
La menace nucléaire
pèse sur l'humanité.
Femme, ne pleure pas,
habilles toi en deuil,
combats
les fausses idéologies
rends stérile ton ventre
cache les berceaux,
et vis ta maternité dans les rêves.
Femme, détourne tes yeux
des bellicistes aux visages hébétés,
annule leur certitudes
de délirantes victoires
réalisées sur le sacrifice de tes fils.
Mère,
raconte aux nouvelles générations
l'horreur de la faim et de la guerre…
Allume le flambeau de la paix
afin qu'elle éclaire dans la nuit
illimités les champs de blé
et d'azurs bleuets.

Traduit par "LES DROLES"


MARIE JoAnne
France
En anglais

Are we inevitably linked?
Can there be a healthy 'middle ground'?
- if not each an island, perhaps
just each a quiet cow browsing its own patch
Aye there's the rub - and if that grass grows
lean and dry - or is it ever greener in my
neighbor's yard? The Earth's resources
are not evenly spread - maybe the trick is,
if you live in a desert, learn to be a lizard...

And if I am to be obliged to sell my time,
energy, whatever talents or skills
I want to be well-paid for this 'sacrifice'
Is it the same middle-class dream
to wish for ease and leisure
Need the train of humanity
be stretched so long
between economic engines
and trailing cabooses


MARIE JoAnne
France
En Anglais

No Peace

It is not peace
to withdraw when others
are being attacked and killed.

It is not peace to sit
idly by while others
suffer oppression
and die.

One cannot be content
with one's head firmly stuck
in the sands of their own good life.

One cannot ignore the guns of war,
or famine, or strife.

I know not how to take arms
against this sea of troubles;
And by opposing,
or by not,
may end me!

And those who hear,
are forced, like a
clockwork villain, to see,
thus precluded from peace?
Or else obliged to numb
their beleaguered senses
by whatever means
this world has to offer
- or the next?

I understand the self-immolator
I cry out - to paper
No-one hears...

I don't know how to make sense
of 'little pre-occupations'
- wearing my walkman blinkers
of artificial life
while the world clamors,
and tortures, and reaches out,
and dies.

We ALL die!
Are we learning anything?

Its one thing to create
the buds of intelligence
in machines, but
quite another to suppress
the sensations of pain
in the living human
till we are but lobotomized
robots looking for 'MORE'...


MARIE JoAnne
France
En Anglais

World Order

Schools that need repair
- is that a basis for discrimination?
Forty hours and a full salary for some
- is that an equitable distribution
of limited resources?

And the 'Third World'
- so little time ago
the release of Nelson Mandela
seemed a hopeless dream,
and 'Lech Walesa for President'?!

And the disconcertingly sudden
collapse of world communism
as it was practiced by such
a large block of this world

And capitalism as it is increasingly
practiced - a creaking house of cards
crowing 'victory' (by default!)
like two old men locked in arm-wrestling
to the death - rattling skeletons,
one just that bit more tenacious
than the other

While hordes of people under twenty
throughout the world
- the 'Nations crowding to be born'
might well look to us
to invent, to create, to care,

to help establish some re-vision,
some alternative ways of ensuring
that genuine freedom
and equality of opportunity
are truly available to all.


MARTHOUD Michel
France
En français

Les ïambes
Ce poème a reçu un premier prix aux ménestrels de France en 2002

Paroles d'espoir à la femme afghane

Femme afghane, tes yeux sont un triste miroir,
Ils reflètent peur et misère.
Là, tu n'existes plus, mandée à comparoir
D'aucune forme dans ton aire.
Un souple et vil tissu déformant ton beau corps,
Qui bien te statufie en ombre !
Fantôme avec une âme, errant dans des décors,
Tous imprégnés d'un soleil sombre.
Dans la prison du voile, enfermés sont tes droits,
Ta voix qui perd le son, s'étouffe.
Quand tu sèches tes pleurs en gestes maladroits,
Ton ample geôle se fait touffe,
Graine pareille à l'herbe, on te chasse au bâton !
Tu vaux moins qu'un brin de nature,
Mais tu dois être mère et craindre le brandon !
Tes plaintes sont cris en pâture
Qui raniment le rire effrayant et railleur.
De celui qui te voit nacrée,
Au jardin de ton corps ne sera qu'un pilleur,
Et, si naît une fleur sacrée,
Alors cultive là, même arrosée de sang !
Elle sera l'intelligence.
De ta force, imprégnée, aimante, en t'embrassant
Te dira sa belle espérance.
Vivre en Afghanistan et , prouver sa valeur,
Celle d'être une femme libre !
Toi, toujours sous le masque essuie un dernier pleur,
Pour ELLES recommence à vivre !

Note : signification de : assignée ou mandée à comparoir
Le LITTRE dit comparaître en justice
La phrase émise dans mon poème dit comme vous le comprenez facilement la justice des hommes nommés Talibans


MARTY Yvette
France
En français

(les cahiers du Rhin)

C'est une image

C'est une image qui me hante
Une réalité qui devient fréquente
J'aperçois un enfant qui pleure
De désespoir et de peur

Un enfant qui m'est inconnu
Que de ma vie, je n'ai vu
Dans ses yeux, se reflète une peine immense
Pauvre petit être plein d'innocence

Pourtant c'était un enfant du bonheur
Ses parents l'ont souhaité de tout cœur
Ils étaient si heureux tous les trois
Et la vie leur promettait mille joies

Mais cet amour la guerre l'a brisé
Comme une tornade, elle a tout fracassé
Il ne reste plus qu'un enfant abandonné
Assis au milieu d'un bain de sang
Et qui appelle " maman "

Pourquoi les hommes sont-ils si méchants
Oui pourquoi ne pensent-ils pas aux enfants
La haine est-elle plus forte que l'amour
Doit-elle triompher pour toujours

Il s'incruste en moi ce pauvre visage
Qui reste figé comme une image
Et je voudrais crier
Arrêtez le carnage
Prenez donc courage
De penser aux tous petits
De tous les enfants du monde entier
Ayez donc pitié.
MASSON André
France
En français

Algérie
Ou Kosovo
Ou Rwanda
Ou Afghanistan
Ou...ou...

Rien ne t'aura jamais été épargné ma terre,
Ni le soc des obus venant tarir tes sources
Ni les pleurs pour y creuser une tombe;
Ni la haine pour te mépriser,
Ni ces blessures d'amour-propre
Les plus douloureuses,
Venues de ceux qui n'y sont pas nés
Y sont seulement venus
Le temps d'une tribune, d'une escale...

Rien ne t'aura jamais été épargné ma terre,
Aucune idée toute faite
Vite faite, mal faite
Aucune plume acerbe, aucun faux procès
Aucune péroraison des bien-pensants
Arc-boutés sur leurs certitudes...

Rien et aucune mort inutile...

Rien ne t'aura jamais été épargné ma terre,
Par ceux qui voulaient te culpabiliser
T'oublier, te plier, te contraindre...
Ou te détruire.

Rien ne t'aura jamais été épargné ma terre,
Par ceux qui dessinent le mauvais temps,

Le temps des barbares.


MAZA Marie-Carmen
Espagne
En français

Vivre en paix, … un droit de l'homme ?

faut-il quitter la terre
ou bien perdre la raison
pour fuir la déraison
des vendeurs de cimeterres,
ces joueurs de frustrations ?

faut-il briser les ondes
ou bien changer de monde
pour oublier la fureur
des drogués en manque
de pouvoirs et d'honneurs ?

faut-il se mettre en terre
ou attendre une autre ère
et laisser la mort en transes
sans dissoudre la violence
jetée sur notre descendance ?

MERADJAUDINE Emamzadah
Afghanistan
En français
Peintre, calligraphe

Nous les "Afghanistanais" et l'avenir de notre pays

La situation actuelle nous force à envisager d'urgence une ouverture indispensable à la démocratie dans le respect mutuel entre les ethnies, les tribus et les clans. Nous avons le devoir de conscience moral, émotionnel, sentimental, familial et éducatif de participer à la construction de cet Afghanistan. Actuellement, chacun de nous se doit de définir la façon dont il pourra contribuer à cette construction. Toutes nos forces aussi bien grandes qu'infiniment petites en apparence sont nécessaires. La construction du pays peut uniquement se faire grâce à la réunion de tous ceux, toutes ethnies confondues, qui sont prêts à s'ouvrir. Notre histoire nous donne tous les éléments pour éviter les conflits internes des régimes précédents, des partis et des organisations politiques. Nous devons prendre ces leçons en compte. Nous avons assez de recul maintenant pour constater que leurs divergences n'étaient pas motivées par la volonté de reconstruire l'Afghanistan et surtout, que le respect mutuel était aussi absent de leurs débats que la lumière dans les ténèbres.

Que signifie le respect mutuel entre les êtres pour la construction du bien de tous, du bien de notre pays, l'Afghanistan ? Il signifie la nécessité de nous supporter, voire même de nous apprécier, malgré nos différences de races, d'ethnies, de tribus, de clans, de langues, de religions, d'opinions...

Nous devons pouvoir écouter et analyser une opinion contraire à la nôtre, sans que s'éveille en nous le sentiment émotif d'être face à un ennemi potentiel. Nous devons faire l'effort d'approcher une réelle maturité pour avoir des réunions constructives dans une atmosphère cordiale et, si nous réussissons, nous pourrons constater qu'il n'existe pas de " bons " d'un côté et de " méchants " de l'autre.

A l'heure actuelle, nos espaces sont habités par la souffrance, par la haine et par la peur. Réunissons plutôt nos énergies comme un fleuve de tendresse pour évacuer cette marée de souffrance, de haine et de peur de nos espaces. Nous n'avons plus le choix, nous devons nous réunir pour nous connaître, nous comprendre, nous respecter et débattre des problèmes relatifs à la vie politique, économique et sociale de l'Afghanistan de demain.

Certains d'entre nous n'arrivent pas, ou comprennent avec grande peine que l'essentiel à sauver hier comme demain est le respect de l'autre et la tolérance envers la différence. Tout le reste n'est qu'un discours politicien, une recherche de division pour mieux régner, en un mot, une vieille habitude dont nous pourrions nous débarrasser. Il ne sert à rien de condamner, toutes les Histoires sont passées par-là plus ou moins violemment. Il s'agit d'agir à la lumière des connaissances qui ont jailli des douleurs actuelles et passées. C'est la raison pour laquelle je nous appelle " afghanistanais ", nous tous, peuples d'Afghanistan, toutes ethnies reconnues.

Si nous sommes tous convaincus de l'idée que nous sommes tous égaux, non seulement en parole mais dans les faits, la moitié du chemin pour la construction de notre société est déjà parcouru. Si nous désirons faire un état des lieux nous devons non seulement communiquer mais également prendre conscience profondément que nous pouvons tout créer à partir de ce que nous avons : c'est à dire presque rien... seulement, ce presque rien, c'est nous-mêmes, mais nous-mêmes, unis dans le respect mutuel, ce serait déjà commencer en évitant beaucoup de malentendus. De là, nous pourrions vraiment dialoguer en utilisant l'espace et les supports existants et même en créer d'autres.

Nous savons tous que le dialogue est difficile, déjà avec soi-même, du fait de nos contradictions intimes et d'autant plus avec les autres. L'urgence de cette époque doit nous aider à dépasser cet obstacle et à cet égard, y a-t-il d'autres obstacles que les habitudes et le goût des divergences dans lesquelles nous avons baignés si longtemps ?
Parfois, il m'arrive de rêver que le destin tragique de notre pays marquerait la fin de tous les régimes dictatoriaux et de toutes sortes de terrorisme. Les afghanistanais n'auraient alors pas souffert pour rien…

30 octobre 2001

MIGUEL Isabel
Espagne
En espagnol

Carta a un nino afgano

Yo no soy importante:
No puedo contener el dolor de tu angustia.

Yo no soy importante:
Ni tan siquiera puedo construirte una escuela;
refugio de esperanzas, camino de ilusiones
en el caos que te cerca.

Yo no soy importante:
Pero debo decirte que me duelo en la guerra,
que me duelo en el odio
y en el débil latido de la luz que se apaga.

Yo no soy importante:
Ojalá que pudiera desgarrar tu injusticia,
remendar tu pobreza;
ser hálito que hiciera de tu llanto sonrisa.

No me siento importante.

Un río de esperanza se desborda en mis ojos.

MITRE Philippe
France
En français

(les cahiers du Rhin)

L'Homme

Quand bien même on le nomme
Troglodyte, homme béton
Homme des bois, homme de loi
Fauve, chien, loup, serpent, hyène, ours, putois....
Lâche, vil, ange, démon,
Héros sublime, fou, saint,
Homme orchestre, sandwich, à tout faire,
De paille, de fer, de main, humain
Bête...quand bien même homme
De paix, de guerre, de l'espace, de la femme
Noir, blanc, jaune,
Quand bien même se forme
Difforme, filiforme, uniforme
Cruciforme, cunéiforme, conforme
Quand bien même bête de somme
Bonhomme, factotum, majordome, médium,
Quand bien même
Il enfante, étreint, construit, aime
Viole, assassine, torture, asservit
Emprisonne, espionne, humilie, détruit
L'HOMME, ESCLAVE DE L'HOMME
N'EST-CE PAS LA TOLERANCE MEME ?


MOHAMMEDI Anissa
Algérie
En français


IL y a des yeux
Qui ne pleurent pas
Et des regards qui ne trompent pas

Il y a des histoires
Qui ne se racontent pas
Et des mémoires
Qui ne s'oublient pas

Il y a des mots
qui ne parlent pas
et des maux
qui ne se taisent pas

et puis il y a moi
qui ne comprend pas


(extrait de " la voix du silence ")


MOLINIER Paul
France
En français

Ils avaient le même dieu

Ils avaient le même dieu
Et ils s'entretuaient !

Ils avaient le même dieu
mais ils n'écoutaient
Ni un dieu de justice
Ni un dieu d'amour

Larmes et supplices
Jour après jour

Ils avaient le même dieu
Le même dieu d'amour
Les chrétiens du Liban
Les sabras d'Israël
Les protestants
Les afghans, les talibans
Et tous les autres.

Ils avaient le même dieu
Dieu de tolérance
Pour un monde nouveau
Pour quel monde nouveau ?
Monde d'horreur
Monde de souffrance

Parce qu' ils avaient le même dieu
J'avais cru...
Mais ...dites-moi ?


MOLINIER Paul
France
En occitan traduit en français


Un païs luench

Dins un autre païs,
Un païs luenh, luenh,
Es naseur

Dins un autre païs,
Un païs paradisene
L'amor es vengut

Dins un autre païs,
Un païs d'amor
L'amor a crescut.

Duei, un jorn,
Un jorn d'ivern,
Un jorn d'ifern,
Sesn res saupre
Sens saupres perque
Lorra bestia de la guerra
Acarnasida...
Tuava,...tuava...tuava.

Dins un autre païs,
U pais luenh, luenh
A reviscut.


Un pays lointain

Dans un autre pays
Un pays lointain
Il est né.

Dans un autre pays
Un pays d'amour
L'amour a grandi.

Puis un jour,
Un jour d'hiver
Un jour d'enfer
Sans rien savoir
Sans savoir pourquoi
L'affreuse bête de la guerre
Mangeuse d'hommes...
Tuait,...tuait, ...tuait.

Dans un autre pays
Dans un pays lointain
Il a réappris à vivre.


MOLTO-COURREN Michèle
France
En français

L'ARME DE L'ECRITURE (ATELIER DE CREATION POETIQUE)

Je dis fleur et surgissent des roses
Et s'enivrent les âmes
De leurs sucs capiteux

Je dis oiseaux… et dans l'azur de vos yeux
Passe un vol de colombes
Dont les doux bruissements
Vous parleront de paix

Je dis arbre et la forêt s'éveille
En vos mémoires végétales
Dans des craquements d'automne
Sous vos pas

Je dis enfant joues de pêches
Et regards de lumière
Alors s'illuminent les cœurs
Dont le feu se mourait

Et si je dis silence
Chut... dans vos rêves passent des anges
Sur le sable inviolé
De nos déserts secrets.


MORATON Gilles
France
En français
Romancier, nouvelliste

Mémoire des miens

où la frontière se dilue en transparence de chair,
apparence de transparence, au bord du vide extérieur :

en moi grouille la multitude des hommes, en moi tous les hommes contenus

au bout de leur marche - ce qu'il en fallu de patience, tant de fatigues, vous n'imaginez pas, n'allez pas imaginer, non vraiment :

je garde au secret mes visages passés (certains se reconnaîtront) ;
aboutissement je suis, sur des décombres de monde j'arrive.

je suis celui qui vient par le visage de tous

non citoyen de l'empire, j'agonise sur le sable devant le pousse baissé

serf courbé sur la terre des autres où mon corps s'épuise à cette courte vie

nègre dans la cale parmi le peuple des rats en route vers l'ailleurs

juif dans un wagon à bestiaux

casseur de cailloux, traîne-misère, pue-la-sueur au fond de trous innommables

je suis l'enfant au travail, la femme battue, transparent, microbe, décor, moins que rien, toujours du mauvais coté du fusil, sans existence fixe, celui au travers duquel les autres voient ;

LISTE
INVENTAIRE
REPERTOIRE
NOMENCLATURE
INDEX
CODIFICATION
CATALOGUE
RESSOURCES
FICHIER
RECENSEMENT

(le ventre du monde est lourd
d'un digestion mal faite
le monde rote comme un goût de dégoût)

Il suffit d'un rien - vraiment d'un rien - pour que je n'existe plus

je ne suis pas de ces affamés de ces avides de ces boulimiques de ces toujours plus et de ces encore

je ne veux pas, je le dis, que quoi que ce soit serve à quoi que ce soit (parfois c'est tuant)

je suis pourtant la raison ;

au milieu

centre à moins que après tout qui sait avant ou après le milieu qu'importe
de la chaîne en devenir

je suis par moi la forme et le fond,


mémoire des miens,
accouche de la colère des siècles.

DEBOUT,

TOUJOURS

EN MARCHE,

me pense, me sait, de fragile constitution - d'une chiquenaude abattu - d'une force terrible,
CAPABLE ;

le monde autour et dedans
dilution d'apparence à la frontière de la peau,
NETTE,

(cassure et cause toujours)

attendant que de l'intérieur monte encore la colère, pour faire valoir
ce que de droit.

le monde est à nous


MOSSER Gilbert
France
En français

(les cahiers du Rhin)

La Paix d'Icare

L'oiseau s'est brisé une aile sur les arêtes de la violence. Mais il ne gémit pas. On sent son cœur battre si fort sous son manteau de douces plumes. Peut-être essaie t-il de cacher sa grande peur, sa vulnérabilité !
Il tremble lorsque le vent de l'ire l'assaille. Lui si petit, si frêle malgré un cœur gros comme une espérance ténue, têtue...un peu de tristesse le harcèle lorsqu'il n'est pas de la fête du ciel, lorsque la paix n'est plus cette si belle vêture caressée par la brise de l'amour. Lorsqu'il n'est plus si haut, convaincu de liberté, pierre de la connaissance jetée sur l'azur comme un projectile comblé de tolérance.
Il est à la merci du moindre acte délictueux. Il le sait. Et se tait. Cependant, retrouvant petit à petit, dans le jet harmonieux de sa respiration un insignifiant équilibre, il tisse le plaisir vers l'innombrable rayonnement. La peur néanmoins, encore ! Il suffit d'un rien, le pied d'un promeneur, la déchirure causée par un caillou pointu, des paroles assassines, d'un rien pour qu'il se transforme en sang, épousant la Terre. Terre souillée à jamais !
L'intuition lui clame avec force et foi : " tu ne risques rien, un ange te recouvre de sa divine protection ! " et il n'est déjà plus d'ici ! Ailleurs, depuis si longtemps, une âme aussi légère que l'aiguille d'un sapin . Gagne depuis la nuit des temps à la frémissante respiration de la source !
Soudain il se permet quelques battements d'ailes. Le voilà maladroit, certes, mais vivant audacieux dans la vibration de l'origine.
Pour combien de temps ? Il a appris que rien de beau ne s'obtient sans l'initiation à la douleur. Rien ne se savoure sans l'alchimie de la transmutation. Il a oublié la réalité des dards de la violence, occulté l'ample progression que lui témoigne la perception consciente des choses essentielles.
Les autres ne l'ont pas abandonné durant la lente traversée du désert. Ils le savent en difficulté. Il faut être seulk en ces instants et trouver l'infime courant ascendant qui permet l'élévation. il a pardonné à ses ennemis, aussi, c'est la règle. Ils le savent, le sentent, il le sent !
S'éloignant, se taisant par respect, guettant du coin de l'œil, certain qu'il prendra son envol, magique, les amis s'obstinent dans l'espérance. Quant aux autres, bouleversés par tant de candide ferveur, ils se rapprochent de la flamme, vivent, bouleversés par l'intérieur, ils esquivent une tendre prière.
Que de peine pourtant ! il hésite encore un vol laborieux, trébuchant sur les mottes d'air, rasant les piques acérées du souffle du vent, se heurtant au froid de l'inconnu, à l'ébranlement des consciences fermées. Mais il a gardé le cap. Il a accepté la déchirure, éloigné la brûlure, digéré la défaite, froissé le doute. Il se laisse à présent porter par le vent et, planant, il se délecte d'une sauvage sévérité, entouré de la joie salvatrice des autres, se gavant de réconciliation authentique.


MOTTA José
France
En français

Au clair Afghanistan

Pleurez, filles afghanes
vos songes lumineux, devenus scandaleux
vos amours entrevus, pour toujours disparus
vos élans éblouis, à jamais enfouis

Pleurez, femmes afghanes
larmes désespérées, vos larmes soupirées
larmes du désespoir, vos larmes dérisoires
larmes sans espérance, vos larmes d'impuissance

Pleurez, mères afghanes
car vos fils vous renient, ô dure vilenie
vos époux vous oublient, ô vieille tyrannie
vos filles ont gémi, ô pauvre litanie

L'eau claire du Panjshir émeut la terre et l'homme, le ciel brûlant des cimes emplit ses yeux ardents, les pierres du chemin guident le combattant, les feuilles du mûrier chantent sa liberté: l'insoumis moudjahid est enfant des montagnes.

Les aigles de Bamiyan dominent les lointains, les ibex du Pamir bondissent sur les rocs, les gazelles d'Herat dansent sous les jasmins, les chevaux du Panjshir s'ébrouent au soleil clair: les enfants sous la lune imaginent demain.

Les filles de Kaboul respirent au matin, les libres cavaliers galopent sous le vent, les paysans pensifs sourient au nom d'Allah et l'enfant à la rose élève ses yeux clairs. Le Lion du Panjshir a libéré l'espoir.


Fille ne pleure plus, car une fois encore
Le printemps régnera sur les vertes prairies:
Dans la maison des pleurs
Les roses jailliront à nouveau du sol nu
Ne pleure plus
(d'après Hafiz)


MOUN Young-Houn
Corée et France
Coréen traduit En français

Nous vivons aujourd'hui
croyant avec ténacité
au langage du présent,
déjà passé.

La fleur vit demain
parlant avec naïveté
le langage du futur.

Nous mourrons chaque jour
dans une vie insensé
qui va, nourrie de sang,
vers une désillusion.

L'univers vit chaque jour
dans une mort mystique
qui va, nourrie de sens,
vers l'enchantement du néant.

Tiré de " la fleur de l'infini ", Ed Librairie-Galerie Racine


MOUN Young-Houn
Corée et France
Coréen traduit En français

L'aspiration des vagues
jamais renoncée
vers la terre,

le désir de l'homme
toujours humble
vers l'au-delà de la mer

étaient pareils,

ainsi chuchote
une pierre, dressée là
Il y a bien longtemps.

Tiré de " la fleur de l'infini ", Ed Librairie-Galerie Racine


MOUN Young-Houn
Corée et France
En coréen traduit en français

Vainement la nuit
contredit le soleil,
dans les ténèbres
recommence la vie,

le feu s'éteint
mais ne meurt pas.

vainement le temps
contredit l'amour,
dans la solitude
s'éveille le regard,

l'homme oublie
mais n'annule pas.

Tiré de " la fleur de l'infini ", Ed Librairie-Galerie Racine


MOUN Young-Houn
Corée et France
En coréen traduit en français

Après tant de cris
du langage impuissant
devant la voix de la nuit,

tant de couleurs
de l'écriture léguée
par le secret de la nuit,

la dernière gloire
de nos jours sera
la tombe qui connaît

le vrai goût du silence.

Tiré de " la fleur de l'infini ", Ed Librairie-Galerie Racine


MOUN Young-Houn
Corée et France
En coréen traduit en français

Si le monde va ainsi
ne demande pas pourquoi,

mais souviens-toi
d'un sourire
frémissant toujours
dans le ciel nocturne

où l'on entend résonner
le concert des grillons.

Tiré de " la fleur de l'infini ", Ed Librairie-Galerie Racine


MOUN Young-Houn
Corée et France
En coréen traduit en français

Un matin
que la mer avait disparu,
au-dessus du ciel,

j'ai noué fort
notre amour naissant
sur chaque nœud du bambou
noblement élancé

avant de prendre
le chemin du retour.

Chaque vallée reflétait
ton sourire charmant
offert
à tout l'automne.

Tiré de " la fleur de l'infini ", Ed Librairie-Galerie Racine


MOUN Young-Houn
Corée et France
En coréen traduit en français

J'enlève le tient de rose
au ciel qui resplendit
sur le sein de l'aurore,

et dérobe le rayon d'or
Au ciel qui s'empourpre
dans le crépuscule du soir

avant de gagner la montagne
submergée par la nuit,

où j'applique le rouge et le jaune
à tort à travers
sur chaque souffle d'automne
profondément endormi.

Je m'approprie ensuite
un morceau de la lune
pour semer en l'air
des éclats d'argent.

Alors viendra
la blanche neige
frôler mes lèvres
d'un baiser tendre.

Tiré de " la fleur de l'infini ", Ed Librairie-Galerie Racine


MOUZAT Dominique
France
En français
Peintre et Poète

Hommage à un Kurde
A Rahmi mon amour

Il y avait un pays qu'il aimait
Où sa vie coulait doucement
Aujourd'hui, il a tout perdu !
Son pays résiste à une destruction totale
En se battant chaque jour
En repoussant la trahison et le mépris

La LIBERTE, il est venu la chercher à PARIS
Mais tout n'est pas rose
Quand on n'est pas français
Et c'est la peur au ventre
Qu'il avance dans la nuit

Cet homme courageux, réaliste
Est mon amant, mon amour
Et j'en suis fière !!

Le bonheur a poussé
Au milieu de cette pourriture
Qu'est la vie

Le racisme n'a pas réussi sa sombre tâche

Notre amour est pur et grandit
Comme un lierre qui nous enserre
L'un à l'autre

Vous ne pouvez rien contre nous
Vous pouvez prendre sa liberté
Mais pas notre amour !

Même si notre séparation est une torture
Nos sentiments nous lient à tout jamais.


MOUZAT Dominique
France
En français

La dictature de l'âme
Hymne à l'amour

Je ne vous parlerai pas
De fraternité, de nation, de loyauté
De belles phrases lorsqu'elles ne vous
Atteignent pas !!!
Lorsqu'il s'agit seulement de littérature
De faire rimer le drame et la tragédie

Je voudrai vous parler
Mais… ça ne vous intéresse pas !
D'un amour écorché, qui fait mal
Parce que la fraternité et la loyauté
Envers son pays, ça existe

Je voudrai vous expliquer
Comment un homme se croit obligé
De quitter son amour,
Pour sauver son pays,

Noble cause - Fierté d'homme

Et déchirement pour la femme qui reste
Mais qui comprend comme toujours

Elle comprend parce qu'elle aime
Qu'elle est prête à tout pour lui
A se jeter dans les flammes
Pour son homme, son âme
Pour qu'il accomplisse sa destinée

Je ne vous parlerai pas de paroles d'hommes
Je n'en ai plus la force
Je n'ai la force que d'espérer
Qu'il soit en vie
Qu'il ne soit pas blessé
Ou en prison ou malade
Qu'il ait le moral
Qu'il ne perde pas ses croyances
Qu'il ne perde pas ses espoirs !!!

Je veux juste aimer un homme
Et que cet homme m'aime
C'est si banal mais
C'est tout ce qui compte vraiment

L'AMOUR !!!


MULOT Michel
France
En français
Prix Marie Noël 2000

Les oubliées du Badakhshan

Sur le plateau plus sec qu'un cœur de taliban
Leurs pauvres pieds chaussés d'une gangue de boue
Elles grattent le terre
Avec pour seuls outils leurs ongles écorchés
Sur les cailloux arides.

Six ou sept ans peut-être, avec leurs regards d'anges
Auréolés de khôl pour conjurer le sort;
Elles grattent la terre
Pour en arracher l'herbe et l'amère racine
Qui trompera leur faim.

Leur père n'est qu'une ombre au creux de la montagne
Avec son vieux fusil qui veut croire au bonheur;
Elles grattent la terre
Où repose leur mère au bout de sa détresse,
Au bout de sa misère.

Six ou sept ans peut-être; elles broutent de l'herbe
Ainsi que le ferait un quelconque animal,
L'herbe qui lentement
Empoissonne leurs chairs, pendant que tu te plains,
Enfant trop bien gâté,
Du poulet sans saveur qu'on sert à la cantine,
Et mets au conteneur ton gâteau défraîchi.

Juin 2001


MWANE (OUANECHE Mohamed)
Algérie (Kabylie).
En français
Poète

Hommage à la femme afghane

Pour me dire pourquoi

Pour me dire pourquoi
J'ai dû interroger vainement
La hauteur de ta silhouette
Terrassée par le poids de l'opprobre
Elle se courba
J'ai dû interroger vainement
Le soleil
Que ne peut pénétrer ton linceul
Il se fondit en larmes
J'ai dû interroger vainement
L'air pur de ton pays
Que tu ne peux respirer librement
Il se pollua
J'ai dû interroger vainement
La poussière de tes rues en guerre
Qui passe à travers
Le grillage de ta burqa*
Elle se rendit asphyxiante
J'ai dû interroger vainement
Le rossignol
Que tu ne peux entendre
Car interdit de trilles
Il s'exila
J'ai dû interroger vainement
Le coquelicot
Piétiné par l'horreur
De ton vécu
Il éclate en sanglots
Et rend rouge la terre
J'ai dû interroger vainement
La riche histoire de ton pays
Que les talibans, mauvais
Autochtones ou mercenaires
De tous pays ont anéanti
Elle figea sa page
J'ai dû interroger vainement
Le mot
Pour exorciser le mal
Le palais est obstrué
Je suis aphone
Alors j'écris ces vers
Seront-ils lus
Poètes, humanistes de l'écoumène
Traduisez et dites lui :
Femme afghane
Tu peux te lasser de la vie
Jusqu'à l'étouffement
Tes pieds resteront debout
Sur la terre qui t'a vu naître
Tes larmes et mon sang
Auront beau avoir la même couleur
Le nuage se dissipera un jour
Pour laisser place au firmament
Je reviendrai de mon cauchemar
Du début de la fin
De ta mise à mort
Qui fait déjà partie
De la sombre histoire.

28 novembre 2001 à 12h25 Boulevard de Charonne

*burqa : tenue islamique imposée par les talibans aux femmes.