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VARENNE Céline
France
En français
Ecrivain et poète

La réponse des super-cordes

Homme de sang et de corde
Sur ton passage combien d'arcs tendus ?
Tu te souviens du jeune homme mort
Seul dans sa cellule
Encordé comme un loup
Tu entends la foule crier
Tu te souviens de Vladimir
Caressant les touches du piano
Egaré fixant ses doigts brisés
Amputé mais par la musique sauvé
Il parlait à la corde: la voici elle s'avance
De l'oreille s'approche
Elle vibre du cosmos à la terre.

Désormais nous savons l'univers
Semé de super-cordes
Briques élémentaires de la matière
Dans l'univers en vibration
Dont l'homme est la corde sensible.

Soudain l'on entendit les cordes cosmiques
Hurler leurs notes dissonantes et criardes
C'était l'an 1 du troisième millénaire
Sous le regard épouvanté des satellites
Découvrant Manhattan en feu
Tu t'en souviens: les tours brûlaient
Les corps tombaient des gratte-ciel
Les journaux rejoignaient les livres d'Alexandrie
Surprise sur le regard d'en face
L'épouvante se répandait dans le monde
Les cordes s'étaient tues relayées par le noir silence
Sur des livres invisibles
Des scribes inscrivaient les noms
Des six mille et une victimes de l'histoire

Se créait l'autre monde
Des pelotes lumineuses se fondaient
En une masse de sons menus
Parlant désormais à l'âme
Accrochées à ces filaments minuscules: les super-cordes
Les âmes tentaient de pénétrer
Le monde ultrasensible de la lumière
Sur l'arbre cosmique éclataient les sonorités nouvelles.

Septembre 2001


VELTER André
France
En français
Poète


Au Cabaret de l'éphémère


Toi qui n'as pas régné sur Bactres
ni le cœur de Roxane,
toi qui n'as pas vu miroiter les enfers
au delà de l'Amou Daria,
toi qui n'es pas mort d'une piqûre de rose
à l'ombre des jardins de Babylone,
tu ne crains pas d'essuyer sur ton front
une poussière d'épopée
avec dans le sang le désir féroce
de trouer la peau de chagrin de ce monde.

Vois comme tes paroles,
débordantes parfois ironiques toujours,
n'entendent pas désespérer Nichapour
ni les rêves levés au Cabaret de l'éphémère,
elles gardent en elles cette ivresse éternelle,
ce grand remuement d'âmes
dans la danse des atomes et des âges
qui ne promet rien ou peut-être rien
que la migration à nouveau jusqu'à toi
d'un seul et même corps de lumière.

Pour qui a voyagé
couvert du manteau bleu des fées,
pour qui a compté les étoiles
aux ciels de bouches trop joyeuses,
pour qui a reconnu le soleil et l'été
jusqu'en la cendre enclose,
il n'est de passage qu'aux horizons perdus
aux cimes hors d'atteinte
où le souffle s'exténue et renaît
en vue soudain de quoi...

- Allons, est-ce encore
l'absolu ?
- En as-tu encore
la force ?

27 Décembre 2001


VERDEROSA Henri
France
En français

A la femme universelle

La Compagne de Route de l'Homme
(son compagnon des bons comme des mauvais jours)
la Femme Universelle
de tout rivage
de tout visage
la femme afghane
la femme afghane d'aujourd'hui
la femme afghane de demain
en souhaitant ce " demain "
le plus proche possible
je dédie ci-après :

LA FEMME

La femme
Entité merveilleuse !
La femme ?
Entité mystérieuse !
En perpétuel devenir...
Bouton de rose ?
C'est la jeune fille en fleurs !
Source de vie ? rose épanouie ?
C'est la maman !
Oasis de réconfort ?elle accueille sur son sein
L'enfant et l'amant !
Le temps glisse...s'envolent...les pétales...
Mais d'où vient ce parfum subtil ?
Qui vient-là ? A petits pas ?
A travers le temps et l'espace ?
A qui appartient ce sourire ?
A qui appartient ce beau visage ?
Auréolé de cheveux d'Ange ?
Mais c'et...mais c'est...
Mais c'est...Mamie !


VERDEROSA Henri
France
En français

J'ai le cœur gros

(une pensée pour les enfants estropiés de la guerre)

Si tu as le cœur gros comme ça
Cher voisin, chère voisine,
Tu auras un cœur gros tout court
Tant de misère nous entoure.
Je ne cherche pas la rime
Je cherche le mot qui traduit nos maux.
Enfant ! cher enfant !
Pourquoi es-tu toujours à l'ombre ?
Donne-moi la main en ce si beau matin !
Viens avec moi ! viens au grand soleil de la vie !
Au soleil de chacun, au soleil de la vie
De chacun !

Si tu as un cœur gros comme ça,
Cher voisin, chère voisine,
Tu auras un cœur gros tout court
Tant de misère nous entoure.
Au Cambodge
Les enfants ne connaissent pas les billes
Au Cambodge
Les enfants ne connaissent que les béquilles.
Clopin-clopan, pauvre enfant !
Que les béquilles
Pour survivre !

Si tu as un cœur gros comme ça,
Cher voisin, chère voisine,
Tu auras un cœur gros tout court
Tant de misère nous entoure.
En Afrique
En ce beau pays d'Afrique,
Où est le sourire éclatant de l'enfant africain,
Assis dans l'ombre, il répond
Mais c'est un rictus qui accompagne son bras,
Son bras ?
Qui n'est plus qu'un moignon.

Si tu as un cœur gros comme ça,
Cher voisin, chère voisine,
Tu auras un scieur gros tout court
Tant de misère nous entoure.
En Somalie
Avec son ciel bleu, sa mer bleue, sa plage dorée
En Somalie
Plus aucun enfant ne rit.
En Yougoslavie non plus,
Ce beau pays a éclaté en lambeaux
En Yougoslavie non plus,
Ce beau pays a éclaté en sanglots.
Des sanglots
Qui sont des larmes de sang.

- enfant ! cher enfant devenu grand !
que fais-tu là ?
avec ce fusil dans les bras ?
- ne vois-tu pas que je tire au fusil ?
ne vois-tu pas que je fais comme les grands ?
n'est-ce pas le bruit
qui, du berceau au tombeau, fut le mien ?
en face, n'et-ce pas l'ennemi ?

si tu as un cœur gros comme ça,
cher voisin, chère voisine,
tu auras un cœur gros tout court
tant de misère nous entoure.

-enfant, cher enfant devenu grand
ne sais-tu pas que tes bras
si forts, sont aussi faits pour embrasser,
enlacer. En deux mot :
Pour aimer.
cher voisin, chère voisine,
dites-lui, à cet enfant devenu grand
que l'amour existe,
que son prochain égaré est un ami.
Il est seulement un peu différent ;
Le poète n'a t-il pas dit :
" Enrichissons-nous de nos mutuelles différences " ?

Dites lui que la Haine existe,
Mais que la Haine, c'est son fusil
Et que l'Amour, c'est son ami.

- Enfant ! cher enfant devenu grand,
Veux-tu être invincible ? jette alors ce fusil !
Tourne le dos au chemin trop facile
De la Haine
De la Haine qui est la colère des faibles.

Engage-toi résolument, à mains nues,
Dans le chemin exaltant, parce que difficile
Qui conduit de la haine
A l'Amour de ton prochain,
Ton ami de demain.

Encore inconscient, désemparé, mais valeureux,
Cher enfant devenu grand,
Fais que demain doit radieux
Fais que demain nous n'ayons plus
Un cœur gros, tout court,
Mais un cœur gros comme ça
Et pour toujours


VERDEROSA Henri
France
En français

Le petit cambodgien

Un coin de ciel bleu ?

L'homme de Cro Magnon aurait-il quitté sa caverne
Pour...la...Caserne ?
J'ai peur de ce siècle finissant.
J'ai peur de ces petites mains qui implorent
De ces petites mains d'enfants qui crient :
J'ai faim !
Faut-il avoir peur de ce millénaire naissant ?
Tout va si vite. Tout va si loin.
Tout va si loin si vite.
Les enfants de Cro Magnon apprentis sorciers ?
Qu'ont-ils fait du ciel bleu ?
Ils l'ont trouvé. Et l'ont trouvé beau.
Ils l'ont chanté, fêté, choyé.
Et maintenant ? que font-ils ?
Ils le scrutent, l'auscultent, l'habitent
Et ...ne le ...voient plus.
Petit Cambodgien ! toi qui avances
Clopin-clopant, tout sourire dehors
Pour saluer l'astre du jour
Montre-nous, humble poète,
Ce coin de ciel bleu qui parle à mon cœur
Ce coin de ciel bleu qui fait irradier ton âme
Et que nous cachait la planète bleue.

Ci-git
L 'homme de Cro-Magnon

Epitaphe pour une fin de siècle
Ou
Epitaphe pour la fin du monde
Car
A l'aube de ce troisième millénaire
Nous enterrons ici
Sans tambour ni trompette
Sans regrets ni sanglots
Le père de tous nos maux :
L'homme de Cro Magnon
Pour avoir quitté sa ... caverne
Pour ... la ... Caserne.

VICENTY Christian
France
En français


Les Géants de Bamiyan (1)

Ces jours sont noirs pour le patrimoine mondial,
Jours noirs issus du vert, couleur de l'espérance;(2)
Pour certains, représenter n'est pas convivial,
Mais faut-il nier ce que l'âme a de plus dense …
la création,
la Création …

*

L'Islam est aussi un message de sagesse
Transmis sur Terre par l'Archange Gabriel,
Le même qui annonça avec allégresse,
Six cents ans plus tôt, un Prophète issu du Ciel …(3)
D'ailleurs, tous les six cents ans en moyenne, note-t'-on
L'avènement d'un fait des plus retentissants ?
Abraham était notre Alpha, l'oublierait-on ? (4)
Puis il y eut Moïse et le buisson ardent, (5)
Gautama et son nirvana transcendant, (6)
Jésus-Christ, vainqueur de la mort et des démons, (7)
Muhammad en Allah révélé Tout-Puissant, (8)
Le temps des bâtisseurs et de la déraison, (9)
De Marie, par tristes temps, les apparitions…(10)
Cela a-t'-il un sens pour notre entendement,
Et quelle est donc, de ces intervalles, la raison ?
La foi doit-elle itérer sa foi, par moments ?
Dieu paraît vouloir l'unité diversifiée
Et rien ne prouve que les fois se contredisent;
Le bouddhisme a sa place en monodéité,
Car l'Homme est un grand multiple qui se divise …
La " ville aux murmures ", de gémir, n'en peut plus, (11)
Des envahisseurs aux prosélytes macabres,
Des guerres larvées aux profanations sans issue …
Et notre impuissance qui, toujours, nous délabre …
Qu'une image, on n'est plus, dès le crime accompli:
Roc troué, jambes coupées, faces rabotées …
Le " droit souverain des nations " le veut ainsi;
" L'ordre mondial " reste encore à réinventer …

*

Ils furent des géants, ne sont plus que poussière …
Ces jours sont noirs pour le patrimoine humain;
L'Homme se repaît de ruptures et de guerres:
Doit-il dissoudre en lui son " mal " le plus divin,
la création,
la Création …

Paris, mars 2001

(1) Datant de plus de 1500 ans, les deux bouddhas géants de Bamiyan (l'un, haut de 55 mètres, l'autre de 33 mètres) étaient sculptés à même une falaise de grès qui domine la plaine de Bamiyan, à 145 km au nord-ouest de Kaboul (Afghanistan). Incrustés dans des niches, les statues de bouddhas étaient accessibles par un escalier taillé dans la falaise. La plaine de Bamiyan a été rasée par Gengis Khan, premier fondateur de l'empire mongol (1160-1227).
(2) vert: couleur de l'espérance, mais aussi de l'Islam, elle-même religion d'espérance, de progrès et de sagesse qui connût son âge d'or (VIIIè-XVèmes siècles);
(3) Jésus-Christ;
(4) Abraham: patriarche hébreu, né en Chaldée, au XIXème siècle avant Jésus-Christ;
(5) Moïse: en hébreu Mosché (XIIIème siècle avant Jésus-Christ), libérateur et législateur d'Israël;
(6) Sidharta Gautama: personnage historique, fils du fondateur de la tribu des Sakya, créateur d'une philosophie nouvelle contre le brahmanisme (Vème siècle avant Jésus-Christ), désigné habituellement sous le vocable de Bouddha (" le Sage ") ou encore Sakyamuni (" le Sage des Sakya");
(7) Jésus-Christ: né à Bethléem en l'an 4 ou 5 avant notre ère;
(8) Mahomet ou Muhammad: né à La Mecque (vers 570-632 après Jésus-Christ);
(9) Le temps des bâtisseurs et de la déraison: le temps des cathédrales et des croisades (XIIè-XIIIèmes siècles après Jésus-Christ);
(10) Apparitions de Marie: à Lourdes: devant Sainte Bernadette Soubirous à Lourdes (à l'origine du Pèlerinage dans cette ville [1876], à Fatima (Portugal) en 1917, à des époques particulièrement troublées (révolution industrielle, première guerre mondiale …);
(11) Après le passage de Gengis Khan, Bamiyan fut en effet appelée pendant des siècles " la ville des murmures " (" Char-i- Gholgholala ").