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FARION Philippe
France
En français
Poète et philosophe

Couvre-Feu

Les fusées noires du siècle des ténèbres
Confèrent aux journées un aspect funèbre.
Les forces invisibles des armées trichent
Sur des sols stériles et des champs en friche.

Tandis que les avions survolent le monde
Des foules glorifient des crimes immondes.
Pour remplir leurs banques de lingots frauduleux
Des états s'enlisent dans des trocs crapuleux.

Les commerçants chargent leurs bêtes de somme;
Le gain ondule dans la tête des hommes
Et la mort se love dans les terrains vagues.
Sous un soleil de plomb des âmes divaguent…

Contaminées par une fureur étrange
Pour plaire au démon elles fuient les anges.
Des envoyés las de ces pensées obscures
S'unissent pour tuer les prophéties impures.

La terre tremble et des plaintes s'élèvent;
Les vivres sont rares, les fièvres sévères.
Les enfants pleurent et les femmes s'enlèvent…
Le désert fait peur; le désastre est amer.

En hommage au commandant Massoud, lâchement assassiné


FATIHI Abdul
Afghanistan
En dari traduit en français

Lamentation en exil

I
Le lion se bat dans sa cage
Tandis que le chat profite de la nature sauvage
L'un heureux, l'autre en rage
Ô Kabul , brise cette enceinte de la rage
L'œil vigilant au sommet des Pamir
A vu l'arrivée de l'Anglais, des Emirs
Ni les Anglais, ni les Russes n'ont pu pire
Ô Kabul, tes Bouddhas furent détruits par des vampires
Gardiens des temps, ces magistraux Bouddhas
Touchaient le ciel afghan, ces suprêmes Allahs
Errants venus du Pakistan, ces fous d'Allah
Ô Kabul, ils jonchent le sol à cause de fous d'Allah
Ces fainéants venus du Pakistan, avec leurs sabots d'antan
Avec des idéaux dépassées ,ces indolents nonchalants,
Venus dynamiter nos géants , nos magistraux Bouddhas
O Kabul, fais oublier ton histoire récente

II
Adoucissement des blessures physiques, vertu du temps
Le moment est venu de jeter un œil attendrissant
Tes pauvres Afghans périssent par centaines
Ô Siècle cruel, où se trouvent tes pansements
Voir les Afghans engloutis dans le sang
Mains , jambes coupées cruellement
Morceaux de chair fouillés par des soldats
Les voir analyser ton ADN est bouleversant
Kabul, tombeau des innocents
Crie ta colère pour briser le cœur des inconscients
Jette ta noirceur pour friser le jaillissement
Ô Pays des merveilles, cesse ces déchirements
Tes quartiers se déchirent involontairement
Tes gardiens meurtris , se lacèrent inévitablement
Même sur tes ruines
Ô Kabul, les voir se déchirer , est émouvant
Secoue l'âme morte des assaillants
Réveille en eux le conscient
Brise ce silence bruyant
Ô esprit afghan égorge ces agissements
Voici la ruée des exploitants
Dans ce pays de manquement
Les mains lourdes de crimes sanglants
Au pays des merveilles c'est inquiétant
L'Occident s'enrichit avec ses bombardements
Ce peuple qui se dit " conscient "
Planifie l'explosion de ton enfant
Ô Afghan , ton ADN est la récompense de leur agissements
Ne sont jamais une priorité, tes pansements
Motivés juste par tes jaillissements
Ô hiver , déverse une couche épaisse de neige blanche
Enfouies tes richesses aux yeux de ces mendiants

III
Au loin dans le noir , une lumière étincelant
Guide l'espoir de tes amants
Me voit pleurer comme une feuille au printemps
Ô Kabul , dévêts- toi de ton manteau rouge , mets le blanc
Nourris-toi du peu qui me reste de mon dépouillement
spoliation dès mon adolescence
Aide mon amour croissant
Ô Kabul, ouvre ton corps , je répondrai présent
Répartis la chance équitablement
Ne me rejette pas en me reblessant
L'exil me donnant une deuxième vie
Ô Kabul, laisse une chance aux générations passantes
La consolation n'est pas dans l 'éloignement
Son désir ardent
Est le rapprochement
Ô source de vie, guéris-moi de l'isolement
Le seul remède est lié étroitement
La cause de ma solitude est ton éloignement
La guérison n'est possible que dans la certitude de tes sentiments
Ô Afghan ne reste pas indifférent à ce battement
Jour et nuit mon cœur balbutiant
Me murmure ses tendres sentiments
Enfin , hurle ces mots en bégayant
Ô Fatihi, répète aux kaboulis tes propres sentiments
Réveille-toi , saisis cette main tendrement
La seule, responsable de ses agissements
Ô Afghan , tu n'as pas d'autre sortie , saisis cette étincelle
Accroche ton espoir à cette branche du printemps
L'arrivée du jour de l'an
Apporte la brise, le parfum de l'ancien temps
Accueille dans la joie ce Passant
Ô Kabul ton fils est le passant
Apporte le message, du vieux roi passant :
La paix est à votre porte, prenez garde en la saisissant
Son absence fut si longue
Ô Afghan éclate de joie en la caressant
Fatihi suggère le remède suivant :
La révolution est bouleversement
Mais la solution viendra de cet éclatement
Ô Afghan, la paix est le changement
ce pays a connu tant de bouleversement
Même petit ce changement
Apporte de grands espoirs aux enfants
Ô Kabul secoue tes grands

IV
La culture afghane vieillissante
Dit le monde occident
Elle n'est plus valable dans ce temps
Ô Afghan, désapprouve cette pensée par le changement
Les espions crapules , répugnants
Posent des gestes dégoûtants
Leur actions en accord avec les pouvoirs d'Occident
Ô Afghan, pourquoi sentir ces excréments
Ces torchés par milliers en Occident
Ces sales de loin salissant
Jettent sur toi la responsabilité d'armements
Ô Afghan, repousse les comme un grand
Les voir parler en réfléchissant
Même les entendre est répugnant
Ces intellectuels occidents
Ô Afghan , ils sont des merdes puantes

V
Pauvre réflexion, responsable de mon déchirement
Misérable cerveau, expose ton éclatement
Peut-être un soufi t'écoute en passant
Ô pauvre Afghan pourquoi cet isolement ?
Pourquoi tant de déchirement ?
Ce siècle n'est que tremblement
Cette vertu encrée dans le sang
Ô Kabul, noir ne peut donner blanc
Ce ruisseau avec son austère écoulement
Ressemble aux vaines des petits afghans
La vase du fond , ces saleté des grands
Surface reflète la noirceur du fond
Terre blanche prise dans les montagnes
Comme une princesse ange avec sa robe blanche
Le prince cherche la paix parmi les colombes des campagnes
Ô Kabul, résonnent des cris des perdants dans les montagnes
L'exil du chanteur est l'abattoir
La puissante rage du volcan est dans cet austère dortoir
Mais repousse la musique l'auditoire
Pour ne pas être imprégné de son odeur solitaire
L'Amérique , l'Europe ou l'OTAN
Ces charognards avides d'argent
Sont là pour dépouiller ton dépouillement
Ô Kabul, lègue le secret du coffre à ton enfant
Vois dans le ciel de la nuit sa clarté étincelante
La sortie des gorges irritées d'armements
La fuite de l'espoir loin des résidents
Ô Kabul, le jour est la nuit pour tes enfants
Je suis l'image morte d'une créature vivant
L'ombre allongée du soleil levant
Parmi les petits , je suis l'Empereur du Japon
Ô Kabul, je te sacrifie cette grandeur remplie de sang
La haine , l'exil , le monde d'Occident
Ne sont que le fantasme de cet artiste d'Orient
La rivière fougueuse renforce ma racine en passant
Ô Fatihi , ta hauteur donne le vertige . Descends !
le voyage est peuplé des compagnons vulgaires
S'attacher en un point solide est un rêve imaginaire
L'amitié en Occident est une vague chimère
Accroche toi Fatihi ! La hauteur de leur haine est éphémère
Tes plaines éclaboussées par les chars d'assaut
Tes ruisseaux, empoisonnés par des bombes occidentales
Ton image envahie des Rambo
Ô Kabul , même tes malheurs créent des héros.


FELGEROLLES Claude
France
En français
Poète

Hommage à un pays meurtri

Sur la ville en ruine … un ange
Un pays défait sans terres
L'Ange de la mort depuis des lunes
Tournoyait semait soulevait
Des poussières malsaines
Et de ses ailes couleurs garance
Eclipsait tachait permanence
Ou vie d'un pauvre soleil tiédi !

L'Ange de la mort … et des guerres
Sur la campagne où les toits
Plats de pisé si fragiles
Disparaissaient sous les projectiles
Les remparts s'écrasaient en feu
Hommes femmes et enfants déshumanisés
L'Ange passait depuis tant d'années !

Et vers d'autres lieux sur d'autres serres
L'Ange de la mort bientôt
Reprend ses travaux son essor
Contre le guerrier resté debout
La mère allaitant l'enfant riant
La lumière ses éclats sa vie !

Au prix d'une véritable pérennité de paix
Un certain espoir une illusion drapée
Un Ange nouveau celui de l'homme sensé
Pour l'habitant n'ayant qu'une pensée:
" oui ! nos maisons de thé rouvriront !
Nous parlerons biberons vie toujours vie
Sourirons gaiement tous et toutes
A l'ombre de nos montagnes bleues
délivrées soulagées sous d'autres cieux ! "

Marseille 2 Février 2002


DE FELINE Bernadette
France
En français

L'ARME DE L'ECRITURE (ATELIER DE CREATION POETIQUE)

La petite fille et le vent

Les gens bien portants sont incapables de communiquer avec le vent. Ils disent bêtement : " fermez la porte, il y a trop d'air ! " ou encore : " tiens , il y a du vent aujourd'hui "
La petite fille de cette courte histoire n'était jamais parvenue à se mouvoir. Ni à parler. Seulement bougeaient ses yeux, ses lèvres et un petit bout de nez. Et parce que le vent lui bougeait tout le temps, elle était devenue son amie. Elle apprit à connaître sur sa peau tous ses effets, des caresses légères aux piqûres, des petites morsures aux étreintes. Le vent taquin lui chatouillait les joues , faisait sans vergogne de ses cheveux un rideau pour les yeux, une brosse pour les lèvres, un chant pour les oreilles.
Il n'y avait pas que tendresse chez le vent, aussi violence, passion, force et sidération. Elle l'entendait transformé en vent du nord, en mistral, en joran, claquer les volets, ouvrir la fenêtre et frapper son cœur. Avec lui il y avait tout à craindre : lit renversé, bibelots balayés, tableaux transformés en pendule, chevelure devenue lanières sauvages, fouet de cheveux échappés, tresses de couleuvres. Il arrivai qu'un tel vent lui soulève les mains.
La petite fille dans ce bouleversement des choses fermait les yeux, accueillant cette bienheureuse violence qui la liait indissolublement à son ami le vent, dans une joie étrange que son corps sans mouvement palpait.
Dans ces moments-là, malgré la joie, elle ne cessait de penser : pourvu que personne ne ferme la fenêtre.


FELLONI Laure
France
En français et traduit en anglais, allemand et espagnol

Aux peuples afghans

Ecoute, ô femme,
Le murmure du vent
Il parvient de très loin,
Au-delà des montagnes,
Il soulève tes voiles
Et souffle doucement
Un air de liberté,
Un espoir pour demain.

Ecoute, enfant,
Le joyeux chant du vent
Il fredonne pour toi
Des refrains en chantés,
Des contes pour rêver
Et voilà que tu cours
En tirant par son fil
Le plus beau cerf-volant.

Ecoutez tous,
Peuples des hauts plateaux,
La complainte du vent
Elle emporte les cris,
Les pleurs et les malheurs
Et bientôt tourneront
Les ailes des moulins
Dans l'éclat des chansons.

To afghan people

Listen, women,
To wind's murmuring
Coming from far away
Beyond the high mountains,
It raises up your veil
And then softly whispers
A freedom melody,
You can be hopeful again.

Listen children,
To wind's joyful sound,
It is humming for you
Many magical songs
And stories for dreaming,
So you really want
To run down the hill,
Flying a wonderful kite.

Listen, you lot,
People of the highlands,
Wind's force will blow away
All screams, tears and sadness
Windmills will turn again
Everywhere in the fields,
Lots of song, lots of joy
Will sound again in your heart.

A los pueblos afganos

Escucha, mujer,
El murmullo del viento
Viene de muy lejos,
Más allá de los montes,
Levanta tus velos
Y sopla suave
Un aire de libertad,
Una esperanza para mañana.

Escucha, niño,
El alegre canto del viento
Canturrea para ti
Coplas encantadas,
Cuentos para soñar
Y ya estás corriendo
Tirando de su hilo
La más bella cometta.

Escuchen todos,
Pueblos de los altiplanos,
El cantar triste del viento
Se lleva los gritos,
Llantos y desgracias
Ypronto darán vueltas
Las aspas de los molinos
Entre etallidos de canciones.

Traduction en espagnol de Señora Marion

An die afghanischen völker

Hör, oh Frau,
Das säuseln des winde
Es kommt aus der ferne,
Jenseits der berge,
Es hebt deine schleier hoch
Und bläst leise
Ein freiheitslied,
Eine hoffnung für morgen.

Hör, kind,
Den fröhlichen gesang des winde
Er summt für dich
Bezaubernde refrains,
Märchen zum träumen,
Und nun läufst du
Den schönsten drachen
Hinter dich her ziehend.

Hören sie alle,
Völker aus den hochebenen,
Das klagelied des winde
Es verweht die schreie,
Die tränen und das unglück
Und bald werden sich die flügel der mülhen
In herrlichen liedern drehen.

Traduction de Frédérique Ponsard


FELOUKATZI Ira
Grèce
En français

Vietnam

Il parlait du printemps pourri
s'inquiétait du temps.
Ses mains maigres griffues
tenaient le tiroir-caisse.
Il oubliait le Vietnam.
Les filles dressant des barricades.
Les enfants quittant la chasse aux papillons
pour se cacher
Tandis que descendaient les grands oiseaux noirs
sur la ville.

Elle a plongé de la barque dans le fleuve.
Elle avait un visage blanc
Des yeux de biche.
Serrant sa mitraillette
Elle a sauté sur l'autre rive
Et livré un combat féroce
Comme l'oiseau pris dans des filets.

Ici on se plaint du printemps pourri.
Même si là-bas les corbeaux de la montagne descendent
Même si les bêtes sauvages décidant la trêve
Se reposent au soleil.

Même si les blessés se traînent
Vers les sources taries.
Tous dispersés comme des bêtes
pourchassées.
L'institutrice est morte avec les vingt enfants.
Elle écrivait à son mari :
Je suis en sûreté. Ne t'inquiète pas.
Les enfants avaient dessiné pour la fête
Des fleurs des soleils des colombes.

Cette année le riz
Ne fleurira pas.
Il est parti en fumée.
Les citronniers sont desséchés.
Les filles ne tresseront pas de fleurs
Dans leurs cheveux.

Le printemps a brûlé
Cette année au Vietnam.

Quant à l'Europe
Elle a le beau temps
Pour toute boussole de vie.


FELTHAM Heleanor
Australie
En anglais

Somewhere, my sister

Somewhere my sister, locked within white walls
Unknown, unseen,
Contained as an unhatched egg;
Burns with unwritten visions.

Here on the white rock
The sun runs like quicksilver through the veins
Of dreaming snakes
And their shed skins shred in the bright dust.
Midday circumscribes
Scintillas of light;
Glancing from new scales
Of green, bronze, jewelled gold -
And the pain of the light sparkles
Across the thin nerves' synapses like fire
Under an alembic.

But stage by stage the scales dull back to grey
Like dusty camouflage, and thicken on the eye's too subtle vision.
Held in an armoury of daily wear
There seems no space to grow,
What visions come, pierce through the hardening veils.

Somewhere my sister
Moves through the whitewashed shadows of the house
In a susurrus of layered fabric veils.

But there the phoenix burns on its own pyre of smoke and sandalwood
The dragon dances through the raining air,
Over the harsh staccato of Kalashnikovs
The flat, dead boom of bombs and the skeletal dance
Of shattered hillsides, torn and ragged trees.

Somewhere, my sister, my friend, my brother sits
In a land of glittering water and soft sun
Far, far from home.
From his skilled hands
Lapis and silver fall in chains like water.
My craftsman friend, who has heard nothing, nothing at all
In three months from his mother in Kabul
His brothers on their Pashtun family farm
In a house that's stood four centuries
Of tribal loyalties;
In a time of drought, a time of violence.
He talks of Afghan's layered histories
Ashoka, Alexander and Shah Rukh,
And how he longs to take up arms again
And in that action find an anodyne
To quiet the gnawing fear of three months silence.

From the other side of the bright and sundering ocean,
On the other side of the torn, and thundering hills.
Those selfsame skills his jeweler's hands possess
Can calibrate all death's technologies.

Somewhere my sister waits in her white house.
And when the room breaks open like an egg
What phoenix, dragon, serpent hatches out?

Oh poet of the long night's solitude,
Look out through the grid of your veil and see the trees
Dance in a new wind.


FELTHAM Heleanor
Australie
En anglais et en français

The Buddha of Bamiyan

For almost two millennia time flowed
Around the cross-road Buddhas of the land
And Bactrian, Kushan, Turkic merchants rode
Within the compassionate shadow of his hand
Nor did the Bamiyan statues stand alone
But crowned a silk-road synthesis of art;
Of ivory dancers, lions of bronze and stone,
Where each belief and vision played its part
And sang beneath the fiery Afghan sun
But stone lions have no power against the gun,
And tranquil metaphysics can create
No mantra proof against the Taliban's
Technologies of brightly burning hate;
So Ariel is felled by Caliban.

Le Bouddha de Bamiyan

Pour presque deux millénaires le temps a coulé
Autour des bouddhas carrefour de cette terre
Les marchands bactrianes, kushans et turcs ont voyagé
A l'ombre compatissant de sa main
Les statues de Bamiyan sans solitude
Couronnant la synthèse de l'art de la route de soie;
Des danseurs en ivoire, lions en bronze et en pierre,
Où chaque croyance et vision jouait son rôle
Et chantait sous le soleil afghan brûlant
Mais les lions en pierre sont sans force contre le soleil,
Et la métaphysique tranquille peut créer
Aucune preuve mantra contre les technologies
De haine brillante et brûlante des Talibans;
Ainsi Ariel a été déchu par Caliban

Traduit en français par Guissou Jahangiri en collaboration avec Nicole Barrière


FERNAN Sylvy
France
En français

La paix au monde
La paix au monde
je le sais bien, même s'il me semble
que nous pouvons réagir
contre ce mauvais pressentir
d'une nouvelle guerre
que j'espère, n'arrive guère.

Paris avril 2002


FLAMAND Jacques
Canada
En français
(les cahiers du Rhin)


Si les hommes trempaient leurs armes...
A l'heure où la cloche sonne
Le recueillement du temps
L'enfant contemple
Le sang de notre mère incliné
L'ange plonge son visage
Impatience du bain sacré

Dans le tremblement du roux
L'eau de vie
Je bois l'ivresse chaude
Ma langue titube sous tes aisselles
En toi
Toutes les femmes de la terre

Coude à coude du loin et de l'antilope
La soif
Jusqu'à la résurgence

Si les hommes trempaient leurs armes
Dans le plus humble filet
De ta source...
Buvez-en tous
Voici son sang

Nappe profonde de la savane
Sur ton ventre étroit
La cité martèle la forge
La lame plie
A la vague de tes reins
Toi la maîtresse du fer

Il n'y a plus homme ni femme
Mais l'enfant
Vagissement d'eau et de feu
L'enfant ému
De son nouveau royaume
Paupières égayées de naissance
Le peuple réconcilié.


FONTANA Mariano
Italie
En italien et traduit en français

La Pace

Vedo una stella
brillar nel firmamento
come la pace
ch'è un incanto.

Capisco che ci sono divergenze
pero' bisognerebbe andare avanti
e non far soffrire tanta gente
madri e bambini non far piangere.

Faccio un appello
ai signori governanti
di avere pietà
di questa gente.

La Paix

Je vois une étoile
qui brille dans le firmament
comme la paix
une merveille.

Je comprends qu'il y ait divergences
pourtant il faudrait aller en avant
et non faire souffrir tant de gens
ne pas faire pleurer mères et enfants.

Je fais un appel
aux hommes gouvernants
d'avoir pitié
de tous ces gens.

Traduit en français par "LES DROLES"


FORGEOT Christophe
France
En français

L'ARME DE L'ECRITURE (ATELIER DE CREATION POETIQUE)

Il y a l'espace
L'infiniment grand
Il y a l'immense tapis des champs
Sous la foule calme et bleue
Il y a l'incommensurable profondeur de l'eau
Le patchwork gigantesque des éléments
Des choses des êtres
La nature vibrante de l'homme en construction
Leur bonté et leur cruauté sur un même banc.

Il y a aussi l'infime recoin
Le trou infinitésimal
Le microscopique lieu de brassage
Et toujours la profondeur de l'eau
Où le travail dérisoire des cellules
Donne l'énergie aux minuscules trésors

Du vaste et du petit il y a métissage
Dont on ne mesure pas toute la grandeur.


FORNO Maria Eleonora
Italie
En italien et traduit en français

Casserolade

Uscirò coperta di nero
picchiando pentole e coperchi ;
con gli scarponi chiodati
batterò i marciapiedi ;
incatenata a foto di fuoco
saluterò i morti assassinati.
Salirò gli inni e le preghiere
scavate nei sassi
dalla forza del dolore,
dal rumore dello sguardo
dell'Uomo.

31 décembre 2001

Casserolade

Je sortirai couverte de noir
en battant des marmites et des couvercles
avec des godillots cloutés
je marquerai les trottoirs;
enchaînée à photos de feu
je saluerai les morts assassinés.
J'escaladerai les hymnes et les prières
minés dans les pierres
de la force de la douleur,
du bruit du regard
de l'Homme.


FOURDIEL René
France
En français

(les cahiers du Rhin)

Par le calme bleu de la nuit
Montent lents et passent
Passent feux aux clairs regards
A la paupière clignotante
Regards présents
Regards passés
Dites-nous ce que nous sommes
Hommes
Ce que nous voulons ce que nous pouvons
Par le calme bleu de la nuit
Vous qui mourrez
Si haut
Enseignez nous la Paix.


FOURNET François
France
En français
Président de l'Association poétique " l'Ouvre-Boîte "

Dire toi
Dire toi
Et reconnaître ta présence
Dire toi
Et accueillir ta différence
Dire toi, au nom de toi et de l'amour
Au nom de Dieu que tu connais
Ou que tu ignores
Que tu recherches et qui t'adore
C'est dire oui à la paix
C'est ouvrir un passage
Où le respect peut se vivre
Où le partage devient la vie
Dire toi est en fait peu de choses
Comme ouvrir un livre sur la page du temps
Que tu habites
Comme accepter que ce livre, ton livre demeure ouvert
La différence est la chance de rencontrer l'autre richesse
La différence est la chance de se rencontrer soi-même au-delà des faiblesses
La différence est l'espérance de l'amour
Quel que soit ton visage
Quel que soit ton langage
Quelle que soit ta prière
Quelle que soit ta façon de dire oui
Je veux construire avec toi
L'univers de la paix.


FRANÇOIS Jocelyne
France
En français

On les voit revenir
Dans ce sens, la frontière est ouverte.
Ils marchent vers des éboulis
Sans le savoir.
Malgré la fatigue, heureux de l'air,
De l'espace brusquement agrandi.
A côté de leur maison
Un jardin les attend
Pour de proches semailles.
Le cœur espère contre ses battements.

Ils disent qu'ils sont arrivés.
Le paysage, un jour, leur parle.
Mais le mot arriver s'est perdu
Puisqu'il n'y a plus rien
Que des pierres désassemblées,
Des pierres retournées au rocher,
De la terre inapprochable,
Aucune eau vive.

Des femmes, des homes, des enfants.
De la chaleur obstinée
Contre le froid, le sec, le détruit.
S'il y a des larmes, elles sèchent,
Un oubli venu du corps les tarit.
Les corps cherchent l'eau, les semences,
Le bois pour les feux.

A nouveau, premiers humains
D'une grotte miséricordieuse
Ou d'un abri fait de deux pans de mur,
A nouveau ils inventent
Le temps, les buts, l'attente,
L'humanité première
En Afghanistan.

7 janvier 2002


FRICK Chantal
France
En alsacien

(les cahiers du Rhin)

Häss vum Fremda

D'Iunn schient nemm so hall,
Der Hemmel het a brüna Schleier,
Ieppl, Ahmed, liawi Kender,
Wella Hàss hààbt fer eier Ungleck !

Meinsch kàsh na eifàch hewa,
Dina ehrlig verdianda Wohlstànd,
Well die Steffel em Tàkt màrschiara
En da Gàssa vu dim Scheena-heim ?

Meinsch besch ebis meh wart
Wenn d'Haarlofeni met Steffel Trett
Em Rànza, üssa g' schüfelt wara
Üs dim süfra Stolzwihr ?

D'Iunn schient nemm so hall,
Der Hemmel het a brüna Schleier,
Ieppl, Ahmed, liawi Kender,
Wella Hàss hààbt fer eier Ungleck !

Danksch dini Kültür geheiht witterscht
Wenn sie andri veràchtet
Un henter sina salbeschtsechera Müra
Untrem Netz vu da Media verstéckt ?

Danksch fend'sch dina Fend dussa,
Der Nochbech, dr Moslem, des Sidatrâger ?...
Un wenn'r gàanz eifach en der salbscht war
Der unzfredana Dopelganger wu dich steert ?

D'Iunn schient nemm so hall,
Der Hemmel het a brüna Schleier,
Ieppl, Ahmed, liawi Kender,
Wella Hàss hààbt fer eier Ungleck !


FRAYSSE Philip L
France
En français

L'homme noir

L'homme est tapi.
Quelque part dans une ville la nuit.

Ses yeux sont sombres.
La nuit porte son ombre.
Ses mains serrent un objet gris.
Métallique.

Il ne bouge pas, respire doucement.
Ses yeux seuls, me font penser qu'il
il est encore vivant.

Son corps est drapé de noir.
Silencieux.
Ses mains bougent lentement.
Il avance.

Il ressemble tellement à un chat.
Noir, il guette sa proie.
Il me fait souvenir le malheur
La destruction et les tueries.

Je sais maintenant que ses mains
portent la mort et le destin.
Sans bruit, doucement,
Métalliques, sûrement.

Ses lèvres bougent sans bruit
Intiment un ordre.
Ses yeux sont meurtriers.
Sa décision est prise.

Que la haine lui devienne étrangère.
Cela me semble possible.
Et puis, peut-être cette fois, n'obéira-t-il plus ?


Paris, le 28 février 2002 - Les cannibales et leurs autres déguisements. Kaboul, Alger, ou ailleurs pour que cela cesse.

FRIEDENRAFT Georges
France
En français et en anglais
Poète et Vice Président de la revue "Jointure"

Cinq haïkus pour la paix en Afghanistan

Apre continent
Vingt années de sang et d'ombre
C'est dur d'être afghan !

Privée de lecture
Ma sœur aux paupières rouges
Privée de sourire

Les mines les bombes
Fillette aux lèvres de givre
Enfance étranglée

Chandelle éteinte
Frère tu sentais le monde
Dans l'odeur des vents

Un autre soleil
Fleurit au cœur du désert
Un soleil de paix !

Five Haikus for peace in Afghanistan

A harsh continent
One score years of blood and gloom
Hard to be Afghan !

Forbidden to read
My sister with red eyelids
Forbidden to smile

The mines and bombs
The girl with her hoary lips
Her childhood smothered

Out brief candle
Brother, you could sense the world
In the wind-borne scent

But an another sun
Flowers deep in the desert
A sun bringing peace !

Traduit en anglais par Brian FERGUSSON


FUCHS Michel
France
En français

(les cahiers du Rhin)

Le vent sifflait sur la campagne
La neige assourdissait les bruits
J'étais parti braver le froid
Pari courir car c'est la vie

Au coin d'un bois un petit pont
Enjambe un courant d'eau glacée
Mes rêves m'avait absorbé
Quand du passé jaillit un cri

S'accrochant au bord du ruisseau
Un p'tit bonhomme était bloqué
Serrant très fort, la larme à l'œil
Un bidon plein, trop grand pour lui.

Il grelottait sous ses haillons
Un jeun' garçon tout ahuri
Mais s'agrippant fort à mon bras
Il put sauver sa provision

Merci merci s'égaya t-il
Merci beaucoup dit-il encore
Salut ! et je repris mon trot
Tandis qu'il bénissait mon sort

Hiver ingrat aux bohémiens !
Le ruisseau est leur seul confort
Alors que je cours avec plaisir
Civilisation du loisir !

Trois jours plus tard j'allais croisant
Un campement durant ma course
Un cri strident brise le froid
C'est le salut de l'enfant.


FULPIN Violette
France
En français

(les cahiers du Rhin)

Pourrions nous...

Les regarder en face, au seuil d'un jour nouveau,
Tous ceux qui pleins d'espoir et la fleur au chapeau,
Sont venus vers la France, vers le berceau...
De ses bras ouverts, sous un ciel des plus beaux ?

Pourrions nous...
D'un sourire, d'un regard, d'une promesse
Etre frères unis d'une grande espérance
Moins de guerres, de haine, de détresse
Dans l'amour et la foi, oublier nos errances.

Invitons les aînés, les sages, les lions sages
Allumons le flambeau, même sous l'avalanche...
A vos plumes ! à vos chants ! apportez le message
Poètes, il vous reste tant de pages blanches.

Seul ! nous ne pouvons rien, multiplions nous
Le parcours sera long, il vaut le déplacement
Dieu nous protègera contre les mauvais coups
Pour une paix profonde, serez vous partants ?

Je rêve d'un horizon, d'un bleu céleste
Où des enfants rient en toute liberté
Pourraient s'ébattre de la voix et du geste...
Crier au monde entier
Arrêtez le massacre, s'il vous plaît
Arrêtez !